mardi 1 novembre 2016

Insuffisance rénale aiguë

Insuffisance rénale aiguë


INSUFFISANCE RENALE AIGUE
Signes-Diagnostic-Traitement


L’insuffisance rénale aiguë (IRA) est une dégradation brutale (en quelques heures à quelques Jours), le plus souvent réversible de la fonction  rénale avec une   incapacité du rein à éliminer les déchets métaboliques notamment azotés et à maintenir l’homéostasie hydro électrolytique.

·         Urgence diagnostique et thérapeutique
·         Syndrome, pas une maladie
·         Mise en jeu du pronostic vital et du pronostic fonctionnel rénal
·         Etiologies multiples, au Sénégal dominées par les causes obstétricales
·         Traitement symptomatique
·         Mortalité élevée malgré les progrès dans les techniques d’EER et de la réanimation


·         Au décours d’un accouchement bien suivi ;
·         Après un accouchement hémorragique ;
·         Au décours d’une éclampsie ou d’un hématome rétro-placentaire ;
·         Complications : OAP
·         Pas de signes spécifiques
·         Notion de fonction rénale antérieure normale
·         Urines               rares   oligurie (diurèse < 500 ml/24h ou 20 ml/h)
ou anurie (diurèse < 300 ml/24h)
foncées en « bouillon sale » ou « coca cola » et mousseuses
·         Au début : syndrome anémique en rapport avec l’hémorragie
·         Plus tard : nausées, vomissements, asthénie
·         Recherche de signes de surcharge
·         Contrôle TA
a.      Biologie
·         Dans le sang
Elévation brutale de l’urée sanguine et de la créatininémie
Baisse de la clairance de la créatinine
Caractère réversible habituel
Recherche retentissement       ionogramme sanguin  
gaz du sang
Habituellement pas d’anémie ni troubles phosphocalciques
·         Dans les urines
PU faible < 2 g/j
Natriurèse élevée et kaliurèse basse (d’où rapport Na+/K+ > 1)
Urée et créatinine basses
FE Na+ > 1-2 %
b.      Echographie
·         Reins de taille normale et bien différenciés
·         Caractère aigu de l’insuffisance rénale
       Notion de fonction rénale antérieure normale
       Absence d’atrophie rénale à l’imagerie
       Absence habituelle d’anémie, d’hypocalcémie ni d’hyperphosphorémie
a.      Eléments de surveillance
·         Cliniques : pouls, TA, diurèse, température, état d’hydratation
·         Biologiques : Ionogrammes sanguin et urinaire, urée sanguine et créatininémie, NFS
·         ECG  si hyperkaliémie
b.      Modalités évolutives      
·         Evolution favorable sous traitement précoce et bien conduit avec reprise de la
diurèse après une crise polyurique au bout de 2-3 semaines et récupération complète de la fonction rénale.
·         Ailleurs, elle peut se faire vers l’insuffisance rénale chronique ou des complications.
Hyperkaliémie > 6 mmol/l
Elle est majorée par les facteurs liés à la cause de l’IRA : acidose lactique, toxique, tubulaire,  hyperchlorémique.
Mortalité élevée en cas de défaillance multiviscérale

·         IRA à diurèse conservée
·         Crise d’IRA sur fond d’IRC
a.      Formes de l’enfant
Signes de déshydratation
Causes infectieuses
b.      Formes du sujet âgé
Maladie générale
Causes obstructives
a.      Autres formes d’IRA rénales, parenchymateuses ou organiques
·         Néphropathie interstitielle aiguë : 5 - 10% des IRA
·         IRA d’origine glomérulaire : 10% des IRA
·         IRA d’origine vasculaire
b.      IRA fonctionnelles ou pré-rénales
·         Forme la plus fréquente, surtout post-opératoire
·         Tableau Clinique
Signes hémoconcentration : élévation de la protidémie et de l’hématocrite
Rapidement réversible
c.       IRA obstructives ou post-rénales
·         Tableau clinique
Colique néphrétique
Douleur abdominale atypique précédée ou accompagnant une oligoanurie
HU, brûlure mictionnelle, dysurie
Globe vésical avec miction par regorgement
Blindage aux touchers pelviens
·         Echographie vésico-rénale      la dilatation des cavités pyélocalicielles,
Parfois visualise l’obstacle,
·         TDM, IRM, au besoin et sans injection de PC
Notion d’IRC stabilisée
5.      IRA du patient transplanté (rénal)
·         Même tableau clinique
·         Risque de rejet de greffe
·         Causes   liées à la chirurgie : fistules urinaires ou thrombose vasculaire
Liées à la toxicité rénale des immunosuppresseurs
Liées à une pyélonéphrite du greffon
Liées au rejet de greffe
·         CAT : échoDoppler puis biopsie du greffon.


·         Pas de signes spécifiques
·         Notion de fonction rénale antérieure normale
·         Urines               rares   oligurie (diurèse < 500 ml/24h ou 20 ml/h)
ou anurie (diurèse < 300 ml/24h)
foncées en « bouillon sale » ou « coca cola » et mousseuses
·         Altération de la fonction rénale
·         Caractère réversible habituel
·         Habituellement pas d’anémie ni troubles phosphocalciques
·         Reins de taille normale et bien différenciés
·         Caractère aigu de l’insuffisance rénale
  Notion de fonction rénale antérieure normale
  Absence d’atrophie rénale à l’imagerie
  Absence habituelle d’anémie, d’hypocalcémie ni d’hyperphosphorémie

Insuffisance rénale chronique
·         ATCDS de néphropathie connue
·         Signes cliniques d’IRC
·         Paraclinique      anémie normochrome normocytaire
hypocalcémie,
hyperphosphorémie
Echographie rénale : reins petits et mal différenciés

·         ATCDS uro-néphrologiques, maladies générales (HTA, diabète)
·         Contexte de survenue, mode d’installation
·         Notion de phytothérapie ou de prise de médicaments pharmaceutiques
·         Sédiment urinaire, PU
·         Ionogramme urinaire, urée et créatinine dans sang et les urines
·         Ponction biopsie rénale
a.      IRA fonctionnelles ou pré-rénales
·         Hypovolémie vraie : Déshydratation extra-cellulaire, l’état de choc
·         Hypovolémie efficace : Insuffisance cardiaque (congestive, droite), syndrome hépato-rénal, syndrome néphrotique et hypoalbuminémie majeure
b.      IRA Organiques, rénales ou parenchymateuses
i.            Nécrose tubulaire aiguë (NTA) : 70 -  75% des IRA organiques
Ø  NTA d’origine ischémique : la plus fréquente
Ø  NTA d’origine toxique : 20% des NTA
·         Fact favorisants : diabète, hypovolémie, sujet âgé, souvent association de plusieurs toxiques
·         Toxiques            Produits de contraste iodés
Antibiotiques : aminoglycoside, glycopeptide, sulfamide, C1G
Antifongiques : amphotéricine B, vancomycine
Anti-viraux : Acyclovir inj, Indinavir
Anti-inflammatoires non stéroïdiens
Chimiothérapie : Cisplatine, méthotrexate
ii.            Néphropathie interstitielle aiguë : 5 - 10% des IRA
Origine    immunoallergiques, médicamenteuses ++++ (Pénicilline, Rifampicine,
Ciprofloxacine)
                Infectieuses (leptospirose, hantavirus)
Toxiques  
ou secondaires à une maladie générale (Sarcoïdose, Lupus systémique)
iii.            IRA d’origine glomérulaire : 10% des IRA
  Intérêt de la PBR + + +
  Causes               Glomérulonéphrite aiguë (GNA)
GNRP
iv.            IRA d’origine vasculaire
·         Microangiopathies thrombotiques (SHU et purpura thrombocytopénique thrombotique)
·         HTA maligne
·         CIVD
·         Embole des cristaux de cholestérol
·         crise rénale sclérodermie
·         sténose des artères rénales : athéromateux (70 %) ou dysplasie fibromusculaire (30 %)
thrombose des artères rénales : traumatique, dissection de l’aorte et
de l’artère rénale, anévrysme aortique ou rénal, complication d’une
artériographie ou d’une angioplastie rénale
·         maladies vasculaires : TAKAYASU, BUERGER

Signes
NTA
NIA
NGA
NVA
HTA
Non
Non
Oui
Oui
Oedèmes
Non
Non
Oui
Non
PU
˂ 2 g/24 h
˂ 2 g/24h
> 2-3 g/24h
Variable
HU µ
Non
Non
Oui
Non
HU macroS
Non
Possible
Possible
Possible
LeucocytU
Non
Oui
Non
Non
Infection urinaire
Non
Possible
Non
Non


Indices
IRAF
IRAO
Osmolarité urin (mOsm/kg d’H2O)
> 500
< 250
U/P Créatinine
> 40
< 20
U/P Urée
> 10
< 10
NaU (mmol/l)
< 20
> 30
Na/K urinaire
< 1
> 2-3
FE Na (%)
< 1
> 1
Sédiment urinaire
Normal
Anormal

Les indices urinaires ne peuvent être correctement interprétés qu’en l’absence de prise de
diurétiques ou d’insuffisance rénale préexistante.
c.       IRA obstructives ou post-rénales
·         Uretère             Lithiases, tumeurs urothéliales, Nécrose papillaire bloquée
                          Compression néoplasique extrinsèque, Endométriose,
Fibrose rétropéritonéale, Fibrose para-anévrysmale aortique
Fibrose post-radique, tuberculose urogénitale,
Caillots, traumatismes accidentels, Sténoses post chirurgie urétérale,
oedème des méats urétéraux post chirurgie vésicale ou endoscopie, grossesse
·         Prostate           HBP, cancers de la prostate, Prostatites
·         Urètre               Valves urétrales (chez l’enfant), phimosis, lésions traumatiques,
infections
Sclérose du col vésical, compression néoplasique (utérus, ovaires,
rectum)
Caillots, post chirurgie, tumeurs de l’urètre, tumeurs de la verge, corps
étrangers
Condylomes acuminés
·         Vessie : Tumeurs vésicales, lithiases, vessie neurologique, vessie post-radique


·         Restaurer l'homéostasie du "milieu intérieur"
·         Préserver le potentiel de récupération rénale
·         Prévenir sinon PEC les complications

2.            Mesures hygiéno-diététiques
·         Apport hydrique fonction de  l’état d’hydratation du patient et régime pauvre en K+
·         Apport nutritionnel équilibré et quantitativement suffisant : 35 kCal/Kg/j de protides ou 1 g/Kg/j d’acides aminés par voie parentérale
·         Arrêt des médicaments néphrotoxiques
·         Moyens de réanimation
·         Colloïdes et cristalloïdes
·         Transfusion de culots globulaires, Erythropoïétine
·         Diurétiques (Relance diurèse) : Furosémide 1 à 1,5 g/j bien réparti dans les 24H
·         Médicaments hypokaliémiants : Kayexalate, gluconate de Ca
·         Alcalinisation : Bicarbonates de Na, de K
·         Antibiothérapie adaptée
·         Corticothérapie
·         Adaptation des doses à la fonction rénale
·         Drainage des urines en urgence         par sonde vésicale ou cathétérisme sus pubien si
l’obstacle est sous vésical
et néphrostomie percutanée ou sonde JJ si
l’obstacle est plus haut situé
Normalisation de la fonction rénale est
habituellement complète en 48 h si la dérivation
est réalisée suffisamment tôt.
·         Epuration extra-rénale (hémodialyse, dialyse péritonéale)

Corriger le facteur causal
Remplissage
Transfusion en cas de choc hémorragique
Correction d’une défaillance cardiaque
Arrêt du médicament responsable
2.      IRA obstructive                  
Drainage des urines
Traitement ultérieur de la cause après bilan urologique
Prévention du syndrome de levée d’obstacle systématique
NTA, NTA, NGA, NVA
4.     Complications
·         Moyens de réanimation
·         EER
           
·         Surveillance en cas d’administration de médicaments néphrotoxiques (aminosides)
·         Prudence si administration de produits de contraste iodés surtout chez diabétique et myélome ; assurer un bon  d’état d’hydratation
·         Prévention des complications digestives par IPP : Oméprozole IV
·         Prévention du syndrome de levée d’obstacle (= tubulopathie avec perte temporaire du pouvoir de concentration des urines, responsable d’une polyruie). CAT : clamper la sonde tous les 500 ml pendant 5-10 min. Compenser la diurèse horaire au début à 75 % avec du NaCl puis diminuer progressivement la compensation parallèlement à la restructuration fonctionnelle tubulaire afin de ne pas entretenir la polyurie. (Surveillance régulière du ionogramme)




ECN en FICHES, Néphrologie ; Ellipses 2010
Réussir l’ECN, Collège universitaires des enseignants de néphrologie, Ellipses 4ième édition
Abrégés, Collège national des enseignants de réanimation médicale, Masson 3ième édition

Urgences médicales en Afrique, ESTEM Edition 2005

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