mercredi 15 juin 2016

Hormones thyroïdiennes : biosynthèse et effets biologiques

Hormones thyroïdiennes : biosynthèse et effets biologiques


BIOSYNTHESE ET EFFETS BIOLOGIQUES DES HORMONES THYROÏDIENNES


Les hormones thyroïdiennes sont la tri-iodo-thyronine (T3) et la tétra-iodo-thyronine ou thyroxine (T4) ; avec comme structure commune la thyronine.

Pathologies : Hyperthyroïdie, hypothyroïdie


Thyroïdectomie


L’iode alimentaire passe par la barrière intestinale sous forme d’iodure de Na ou de K. Cette captation est active, s’effectue au pôle basal de la cellule, contre un gradient électrique et un gradient de concentration. Inhibée par les glycosides cardiaques (digitaliques). L’épuration est effectuée par le rein et la thyroïde.
Se fait grâce à  une peroxydase ; elle est inhibée par une charge importante en iodures et des agents réducteurs.
En premier, la synthèse de la thyroglobuline (TGB) native est faite par les ribosomes et stockée dans les vésicules de golgi du pôle apical.
La synthèse des iodothyrosines : les radicaux tyrosyls subissent une iodation en 3 forme la mono-iodotyrosine (MIT) et celle en 3 et 5 forme la di-iodotyrosine (DIT) ; ceci sous l’influence de la tyrosine iodase.
La thyroglobuline iodée est stockée dans la colloïde. Là, les iodothyrosines se condensent et donnent  les iodothyronines :
couplage d’une MIT et d’une DIT donne la tri-iodo-thyronine ou T3,
                   couplage de 2 DIT donne la tétra-iodo-thyronine ou T4
Cette étape est lente, non enzymatique, favorisée par la TSH et inhibée par l’aminothiasol et le thiouracile. 
La thyroglobuline est hydrolysée, libère T3, T4, MIT et DIT ; est inhibée par l’iode. Seules T3 et T4 passent au sang ; MIT et DIT forment un 2ième pool d’iode intra-thyroïdien.
La thyroïde capte 70 μg/j d’iodure et secrète une quantité équivalente d’iode organique. Le séjour moyen, dans la glande, de l’iode capté est long d’environ 100 jours.

·         la TGB ou thyroxin binding globulin transporte la totalité de la T3 liée et 60% de la T4
·         la TBPA ou thyroxin binding pre-albumin transporte 30% de la T4 
·         le sérum albumine qui fixe 10% de T4
La T4 est presque entièrement liée, alors que T3 a tendance à rester libre mais est plus active avec une demi-vie plus courte.

a.      La déshalogénation
Faite par des déshalogénases non thyroïdiennes et qui libère de l’iode récupéré par la thyroïde et/ou éliminé dans les urines.
b.      La désamination et la décarboxylation 
Donnent des corps tri ou tétra iodés
c.       La formation de conjugués hépatiques 
Qui a lieu dans le foie, les catabolites se retrouvant dans la bile sont soumis à un cycle entéro-hépatique.
d.      La transformation de T4 en T3 
80% de T3 provient de la conversion de T4.
Demi-vie de T3 est 2-3 jours et celle de T4 est de 7-8 Jours

a.      Le rôle de la TSH et de la TRH
·         TRH : tripeptide élaboré par neurocrinie au niveau des noyaux hypothalamiques, stimule la synthèse et la libération de TSH.
·         TSH : glycoprotéine sécrétée par les cellules thyréotropes de l’anté-hypophyse. La TSH stimule tous les mécanismes de synthèse des hormones thyroïdiennes et augmente leur sécrétion. La somatostatine inhibe la réponse de la TSH à la TRH.
b.      Le rétrocontrôle double
Contrôle par les hormones thyroïdiennes (T4 et T3) : par rétroaction négative sur la sécrétion de TSH et de la TRH au niveau de l’hypothalamus et l’anté-hypophyse
·         La baisse des apports d’iode entraîne : une baisse de la sécrétion de T3 et T4 d’où une augmentation de TRH et TSH, un goitre endémique.
·         l’élévation de l’iodémie : inhibe paradoxalement le mécanisme de synthèse et de libération hormonale et baisse la sensibilité thyroïdienne à la TSH.
 
Les hormones thyroïdiennes augmentent la consommation en O2 de presque tous les tissus métaboliquement actifs sauf le cerveau, les testicules, les ganglions lymphatiques, la rate et l’andéno-hypophyse. Raison pour laquelle, une hyperthyroïdie élève la température centrale et le métabolisme de base alors qu’une hypothyroïdie ou thyroïdectomie donne l’effet inverse.
Les hormones thyroïdiennes augmentent la synthèse protéique, mais ont également un effet catabolisant, qui devient prépondérant à doses supra-physiologique.
Les hormones thyroïdiennes sont hyper-glycémiantes (elles majorent l'absorption intestinale de glucides et favorise la production étatique de glucose).
Augmentation de la synthèse du cholestérol mais le catabolisme est encore plus accéléré. Aussi, devant toute hyper-cholestérolémie, il convient de rechercher des signes d’hypothyroïdie.
Les hormones thyroïdiennes augmentent la filtration glomérulaire et le débit sanguin rénal. L'hypothyroïdie s'accompagne ainsi d’œdème.
Une thyroïdectomie entraine une hypercaroténémie par défaut de transformation carotène-vit A. les hormones thyroïdiennes augmentent les besoins en coenzymes (vit B et C).
 Elles augmentent le catabolisme des hormones stéroïdes et de l’insuline.

Pendant la période fœtale, les hormones thyroïdiennes ne sont pas nécessaires à la croissance mais à la différenciation et à la maturation osseuse, leur absence s’accompagnant d’un retard d’apparition des centres d'ossification épiphysaires.
Durant la période post-natale, les hormones thyroïdiennes deviennent indispensables à la croissance et continuent de contrôler la maturation et la différenciation osseuse. Elles agissent en synergie avec l'hormone de croissance (GH). En outre, elles favorisent la sécrétion de GH et potentialisent les effets de l’IGF-1. L'hypothyroïdie durant l'enfance aboutit à un nanisme dysharmonieux. Chez l'adulte, les hormones thyroïdiennes sont également impliquées dans les phénomènes d'ostéosynthèse et de résorption osseuse, l'hyperthyroïdie s’accompagnant d'un risque d'ostéoporose.
Sur le SNC, leur rôle est primordial en particulier durant les premiers mois de vie. Elle participe aux mécanismes de maturation et de mise en place des connexions neuronales ainsi qu'à la myélinisation. Une carence durant cette période s'accompagne d'un retard mental pouvant être sévère (crétinisme). L'excès d'hormones thyroïdiennes est également délétère, la différenciation  étant accélérée au détriment de la prolifération neuronale.
Chez l'adulte, les hormones thyroïdiennes participent  également au fonctionnement du SNC ; l’hypothyroïdie pouvant s'accompagner d'un  ralentissement et de somnolence, l'hyperthyroïdie étant caractérisée par une excitabilité et une irritabilité.
·         Sur l’appareil cardio-vasculaire : les hormones thyroïdiennes exercent un effet chronotrope positif et inotrope positif. L’hypothyroïdien est bradycarde tandis que le l’hyperthyroïdien est tachycarde.
·         Sur le SNV : les hormones thyroïdiennes renforcent les effets aussi bien viscéraux que métaboliques des catécholamines.
·         Sur l’unité neuromusculaire : les hormones thyroïdiennes contrôlent la contraction et le métabolisme de la créatine. La carence en hormones thyroïdiennes s’accompagne d’une augmentation de vol des muscles squelettiques (infiltrés par des substances mucoïdes). L’hyperthyroïdie s’accompagne d’une hyperexcitabilité musc et d’une amyotrophie dans les formes sévères.
·         Sur l’hématopoïèse : régulation de l'hématopoïèse et du métabolisme du fer, l’hypothyroïdie s’accompagnant d’une anémie. 
·         Sur les gonades, l’hypo ou l’hyperthyroïdie entrainent des troubles du cycle menstruel.
·         Sur le tube digestif, les hormones thyroïdiennes favorisent le transit.
·         Sur la peau et les phanères

·         tests de freinage de la TSH par les hormones thyroïdiennes
·         tests de stimulation de la thyroïde par le TSH
·         tests de stimulation par le TRH 
·         dosage radio-immunologique de TSH lors du traitement des hyperthyroïdies

·         Présence du LATS (long-acting thyroid stimulator ), chez la majorité des sujets atteints de la maladie de BASEDOW                                                                                                                                 
·         Dans l’hypothyroïdie d’origine thyroïdienne : TSH ↑ mais T3-T4 est très bas
·         Dans l’hypothyroïdie hypothalamique ou hypophysaire : TSH, T3 et T4 sont bas

·         Hypothyroïdie : traitée par des hormones thyroïdiennes de substitution comme le lévothyroxine sodique (T4) à vie
·         Hyperthyroïdie : traitée par les anti-thyroïdiens de synthèse comme le propylthiouracile ou par de l’iode radioactif


Les étapes de la biosynthèse des hormones thyroïdiennes expliquent la pathogénie des hypothyroïdies congénitales. La connaissance de effets bio permet de comprendre la symptomatologie des hyper et hypothyroïdies et permet de tirer d’importantes déductions thérapeutiques.