Hémorragies
digestives hautes
HEMORRAGIES DIGESTIVES HAUTES
Diagnostic-Traitement
L’hémorragie digestive haute est une
déperdition de sang épanché dans le tube digestif, pouvant être extériorisé ou
non, par les orifices naturels, dont l’origine se situe en amont de l’angle
duodéno-jéjunal ou angle de TREITZ.
·
Urgence médico-chirurgicale ;
·
Les plus
fréquentes des hémorragies digestives ;
·
Etiologies
multiples, dominées par l’ulcère gastro-duodénal et la rupture des varices
Œsophagiennes ;
·
Grave, pouvant
engager le pronostic vital ;
·
Prise en charge
pluri-disciplinaire.
·
Hématémèse :
rejet par la bouche de sang rouge, non aéré, souvent mêlé à des débris
alimentaires, à l’occasion d’un effort de vomissement ;
·
Méléna :
émission, par l’anus, de sang noir, digéré ; avec des selles noires, poisseuses
et nauséabondes, collant au vase, ressemblant à du « goudron » en amont de l’angle colique droit ;
·
Hémorragie digestive
occulte : Pas d’extériorisation visible ;
·
Anémie aiguë ou
chronique : syndrome anémique.
a. Evaluer le
terrain
·
Age physiologique
˃ 60 ans
·
Tares associées :
insuffisance cardiaque, respiratoire ou rénale, cirrhose
·
Traitement par
béta-bloquants peut masquer une tachycardie
b. Apprécier
l’abondance
·
Hématémèse de petite abondance ou minime
Au maximum, c’est une hémorragie digestive découverte
lors de la pause d’une sonde gastrique.
·
Hématémèse de moyenne abondance
·
Hématémèse de grande abondance
Souvent associée à une rectorragie.
D’emblée, le malade est en état de choc hémorragique,
voire dans le coma.
Une réanimation intensive ne
permet pas toujours d’éviter une issue fatale.
c. Rechercher
de signes de gravité
Ce sont les signes de choc.
Examen complet des autres
appareils et systèmes. Le toucher rectal est systématique.
a. Hospitalisation
et mise en condition
b. Moyens de
réanimation
·
Pose de 2 voies
veineuses périphériques de bon calibre
Prélèvements sanguins (GSRh,
RAI, NFS, taux de plaquettes)
Remplissage vasculaire (macromolécules
dans l’attente de culots globulaires, +/-
transfusion sanguine (taux d’Hb ˃ 7 g/dl, ˃ 10 g/dl chez le sujet âgé ou
en cas de pathologie sous-jacente)) ;
·
Pose de sonde
naso-gastrique (non systématique)
Confirme le diagnostic (en
cas de doute)
Permet le lavage gastrique
abondant, au sérum physiologique, jusqu’à obtention d’un
liquide clair ;
Prévient l’inhalation en cas
de trouble de la conscience
·
Sonde urinaire,
pour surveiller la diurèse
·
Libérer les voies
aériennes supérieures avec oxygénothérapie (au besoin) à raison de 4 l/min et
SpO₂ > 92 %
Discuter une intubation si
trouble de la conscience
a. Biologie
·
NFS
·
Bilan d’hémostase :
TP, TCA, INR
·
Bilan
pré-tranfusionnel : GSRh, RAI
·
Bilan rénal
b. FOGD
En urgence dans les 6 premières
heures (si signes de gravité) ou dans les 24 premières heures ; après un
lavage gastrique ou injection d’érythromycine 250 mg IV (30-60 min avant).
·
Chez un
malade conscient
Avec état
hémodynamique stable
Et une
fonction respiratoire contrôlée,
Sinon
intuber et ventiler le malade,
·
A visée Pronostique (Score de ROCKALL)
Etiologique
Et parfois thérapeutique
c. Artériographie
coelio-mésentérique
Elle pourra être discutée,
avec éventuelle embolisation.
a. Eléments de
surveillance
·
Clinique Constantes
(pouls, PA, température, diurèse, scope)
Conscience
Entrées
: perfusions (type et horaire)
Sorties
: diurèse, vomissements, aspiration gastrique
·
Paraclinique Hématocrite
Ionogramme
sanguin et urinaire
Créatininémie
Glycémie
à jeun
Protidémie
GDS au besoin
b. Modalités
évolutives
L’évolution favorable ne se
conçoit que sous traitement précoce et bien conduit. Elle sera fonction de l’étiologie.
·
Hémoptysie
·
Epistaxis
déglutie
Une coloration noire des selles par
·
Des médicaments :
sels de fer, charbon animal
·
Des aliments :
épinards, betteraves
a. Interrogatoire
·
Etat civil
·
Date de début,
modalités évolutives, abondance
·
Eventuels
épisodes antérieurs
·
Antécédents d’UGD,
de douleur d’allure ulcéreuse,
de prise de médicaments gastro-toxiques (AINS,
aspirine), corticoïdes,
AVK
·
Notion de maladie
hépatique ou d’http
·
Intervention sur
l’aorte
b. Examen
physique
Recherche de
signes d’HTP,
d’insuffisance hépato-cellulaire,
une hépatomégalie,
des signes d’alcoolisme.
Recherche de cicatrices abdominales.
c. Examens
complémentaires
·
NFS
·
Bilan
pré-opératoire
a. Sans rapport
avec une gastropathie d’hypertension portale
·
UDG : fréquent.
L’HDH d’origine ulcéreuse s’arrête spontanément dans 80 % des cas et récidives
(surviennent 9 fois sur 10 dans les 3 jours suivant l’épisode initial) dans 20
% des cas.
Classification de FORREST
Stade
|
Aspect endoscopique
|
Prévalence
|
Risque de récidive
hémorragique à 48 heures
|
Ia
|
Saignement actif
Jet artériel
|
10
|
90 %
|
Ib
|
En nappe
|
10
|
10 %
|
IIa
|
Saignement récent
Vaisseau visible
|
20
|
50 %
|
IIb
|
Caillot adhérent
|
20
|
20 %
|
IIc
|
Tache pigmentée
|
10
|
5 %
|
III
|
Ulcère propre
|
30
|
2%
|
·
Ulcérations
gastro-duodénales
·
Syndrome de MALLORY-WEISS : Déchirure linéaire longitudinale de la muqueuse du
bas œsophage secondaire à des vomissements.
Homme d’âge moyen,
volontiers éthylique
Vomissements répétés,
alimentaires ou bilieux puis hématémèse d’abondance variable
Diagnostic par endoscopie
digestive haute qui montre une ulcération linéaire (1-2 cm) située au niveau du
bas œsophage
Evolution favorable
·
Oesophagite
peptique
·
Tumeurs malignes
ou bénignes
b. En rapport
avec une gastropathie d’hypertension portale
·
Rupture de
varices oesophagiennes
·
Rupture de
varices cardio-tubérositaires
FOGD visualise les varices Stade 1 : varices s’effaçant à l’insufflation
Stade 2 Varices ne s’effaçant pas à
l’insufflation
Avec intervalle de muqueuse saine
Non confluentes
Stade 3
Varices ne s’effaçant pas à l’insufflation
Sans intervalle de muqueuse saine
Confluentes
L’hémorragie s’arrête spontanément chez 2/3 des
patients.
c. Autres
·
Hernies hiatales
compliquées
·
Oesophagite
peptique ulcérée
·
Ulcère de DIEULAFOY : ulcération sous-cardiale touchant la muqueuse et la sous-muqueuse,
au fond de laquelle se trouve une artériole large et tortueuse.
Clinique : Homme âgé, hémorragie
souvent massive
Endoscopie :
localisation gastrique est la plus fréquente, saignement actif une fois sur 2.
·
Tumeurs
oesophagiennes, gastriques, duodénales
·
Angiomes et
angiodysplasies gastriques ou duodénales
·
Ampullome
vatérien
·
Wirsungorragie
·
Hémobilie
·
Arrêter
l’hémorragie
·
Traiter la cause
·
Eviter sinon
prendre en charge les récidives et les complications
·
Arrêt des
médicaments gastro et hépato-toxiques
·
Arrêt de
l’éthylisme
·
Terlipressine et
somatostatine et dérivés
·
Anti-émétiques
·
Antalgiques
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Anti-sécrétoires en
intra-veineuse à forte dose à raison de 80 mg/j d’oméprazole
pendant 3 jours puis relais
per os
·
Béta-bloquants
non cardio-sélectifs
·
Traitement
éradicateur de Helicobacter pylori
·
Sonde à ballonnet
comprimant les varices.
·
Solutions
d’attente en cas d’hémorragie incontrôlable.
·
Ligature de
varices oesophagiennes : strangulation par un élastique de la varice avec
interruption du flux sanguin et thrombose locale.
·
Sclérose :
injection intra et péri-variqueuse d’un agent sclérosant qui induit une
thrombose et une réaction inflammatoire conduisant à la fibrose.
·
Clip hémostatique
·
Injection
d’adrénaline diluée
·
Electrocoagulation
·
Laser
·
Pince bipolaire
·
Anastomose
porto-systémique par voie trans-jugulaire (TIPS)
·
Duodénotomie
antérieure + ligature de l’artère gastro-duodénale + suture directe de
l’ulcère.
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Vagotomie-antrectomie
emportant l’ulcère
·
Résection-suture
de l’ulcère
·
Gastrectomie
partielle
·
Colectomie
segmentaire
·
Examen
anatomopathologique
Toujours hospitalisation et moyens de
réanimation
·
IPP : bolus
de 80 mg, puis 8 mg/h pendant 72 h (FORREST
I, Iia et IIb) relais per os double dose (FORREST
IIc et III)
·
Injection d’Adr,
clip hémostatique ou thermocoagulation
·
Si échec, suture
de l’ulcère, résection, vagotomie ou ligature artérielle
·
Traitement
éradicateur d’Hp à distance
·
Traitement
médical en urgence par vaso-actifs et endoscopique (ligature ou sclérose des
varices)
·
Si échec, pose
d’un TIPS
·
Sonde de BLACKMORE ++ et LINTON
·
Complications
associées : infection (anti-bioprophylaxie par fluoroquinolones),
encéphalopathie hépatique (lactulose)
·
Récidive
fréquente, prévention par ligatures itératives ou béta-bloquants non
cardio-sélectifs
·
IPP et
anti-émétiques
·
+/- traitement endoscopique
CONCLUSION
REFERENCES
KB Hépato-gastro-entérologie-Chirurgie digestive, VG
Edition, Edition 2014
ABREGE
D’HEPATO-GASTRO-ETROLOGIE- 2ème édition - Partie « Connaissances » - Octobre
2012 © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson
La
collection Hippocrate
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